mardi, 13 mars 2007
UNE HEURE AVEC ELLE
Fin mars et début avril, rediffusion multiple du « Numéro un » des Carpentier, consacré à Marie-Paule Belle, sur Télé-Mélody. Le site internet de la chaîne n’en parle pas encore. Je donnerai les dates précises dès que ce sera possible. En espérant que quelqu’un reçoive Télé-Mélody, ce qui n’est pas mon cas, malheureusement.
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SOYEZ ATTENTIFS
Pour ceux qui recherchent des compilations, sachez que le CD de la collection « Préférences » intitulé Une abeille, paru en 1991, est en vente au prix de 98 euros chez Price Minister ; 84, 99 euros sur E-bay ; 15 euros chez Amazon… Ça vaut la peine de faire attention. Il faut compter le port en plus, naturellement.
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ENCORE UNE OPINION
« Elle a de l’entrain. Frénétique, elle sautille, elle rit, elle tape sur son piano en multipliant les œillades complices. C’est un tempérament. Sa grande réussite : La Parisienne (« Je ne suis pas Parisienne, ça me gêne, ça me gêne »), se signale par la rapidité de son tempo. C’est la spécialité de la chanteuse-compositrice. Ses textes sont écrits par la romancière Françoise Mallet-Joris ou par le journaliste Michel Grisolia. Sa fantaisie souvent coquine (La Biaiseuse), sa verve et son autorité en scène, ainsi qu’une certaine astuce à la limite de la démagogie, lui ont acquis un public dont l’éventail va du milieu populaire à la classe intellectuelle », écrivent Gilbert Salachas et Béatrice Bottet dans Le Guide de la chanson française contemporaine, publié chez Syros-Alternatives en 1989.
Les œillades, dans une salle, il n’est pas certain qu’on puisse les voir au-delà du troisième rang de fauteuils, et encore. L’astuce, c’est bien. La démagogie, c’est mal. Comme on n’a pas le courage de ses opinions, on parle d’« à la limite de », c’est plus sûr. Peut-être cela s’appelle-t-il le métier, tout simplement. Ça expliquerait que la « classe » (quel mot !) intellectuelle qu’on persiste à opposer au « milieu » (on notera la connotation criminelle) populaire, se soit laissée séduire aussi par une chanteuse originale.
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lundi, 12 mars 2007
UNE AUTRE OPINION
« Prenez Mireille et Barbara, ajoutez-y un zeste d’Yvette Guilbert et vous trouverez une Marie-Paule Belle sortie de derrière les pianos. Pointue du nez à la voix, cette jeune personne frisée a le bon goût d’avoir du talent en dehors des modes. Chansonnière amusante et amusée, elle revendique avec humour. Les musiques qu’elle compose ont autant d’esprit que les textes qu’elles soulignent. En la plébiscitant, le public français fait preuve d’imagination, il avait perdu l’habitude d’être agréablement surpris par une chanteuse. Marie-Paule Belle est un peu plus que cela, notre music-hall misogyne ne s’attendait pas à être violé de manière si flagrante ».
Une expression un peu outrée, en tout cas excessive, pour une opinion plutôt juste, qu’exprime Pascal Sevran dans Le Music hall français de Mayol à Julien Clerc, paru chez Olivier Orban en 1978. Et toujours – peu importe qu’elle soit juste ou pas – la manie de la comparaison.
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dimanche, 11 mars 2007
UNE OPINION
Comment, à partir d’éléments exacts, suivre un raisonnement erroné ? Voici un exemple. En 1981, Chantal Brunschwig, Louis-Jean Calvet et Jean-Claude Klein écrivent, dans la réédition de Cent ans de chanson française, initialement paru au Seuil en 1972 :
« Avec La Parisienne, composée sur un canevas d’opérette, et qui bénéficie de nombreux passages radio, son personnage s’impose : c’est la provinciale pas bête et plutôt rigolote qui, « montée » à Paris, garde son bon sens en refusant le snobisme (comprendre l’intellectualisme). Pas révoltée, au-delà du désir d’indépendance affective (Quand nous serons amis), tonique et bien française (Les Petits patelins). Et, bien que plutôt « diseuse », sa carrière, habilement menée, prévoit une alternance systématique de chansons « radio » (Je veux pleurer comme Soraya) construites selon un standard (couplet grave, voix chuchotée / « pont » aigu, voix lancée) et « des petites chansons marrantes » écrites pour la scène, véritable espace de Marie-Paule Belle, et composées « à la manière de » (Offenbach, musique russe, jazz des années 30, etc.) De plus en plus ces créations, qui sont en fait des parodies, semblent tourner à l’exercice de virtuosité pure ».
Remarquable notice où le refus du stupide snobisme parisien, plein de vide et d’agitation stérile, est volontairement confondu avec celui de l’intellectualisme ; où ce qui est une caractéristique vocale de la chanteuse est pris pour un standard, un « formatage » volontaire et traité péjorativement de chanson « radio » ; où l’inventivité musicale constante est passée sous silence ; où l’intention est déformée (« tonique et bien française ») ; où l’intelligence des parodies se voit taxée de « virtuosité pure », ce qui d’ailleurs ne serait déjà pas si mal.
Ce livre est signé de trois auteurs mais Calvet le reprend à son compte en le rééditant encore à l’Archipel en 2006 sous son seul nom. Il met à jour cette notice en déclarant que Marie-Paule Belle avait manifesté des promesses qu’elle n’a pas tenues. On laisse à Calvet la responsabilité de ces propos : comme si la Belle avait choisi de n’être plus, comme elle le fut, sur le devant de la scène.
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samedi, 10 mars 2007
DES IMAGES
Quelques images, si vous voulez voir la Belle dans l’éclat de ses trente et un ans. Il s’agit de dix minutes d’extraits d’une émission qui lui était consacrée par TF 1 dans la série À bout portant, le 24 mai 1977. Cela se trouve dans les archives de l’INA et c’est ici-même.
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vendredi, 09 mars 2007
UN PEU DE NEUF
Comme je l’ai dit, je complète, lorsque je le peux, les notices pas terminées. Je viens de présenter le 45-tours de 1986 et d’indiquer la liste des inédits au disque publiés dans le livre paru chez Seghers en 1987.
J'ai aussi ajouté, en début de blog, quelques notes biographiques.
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mercredi, 28 février 2007
LA SUITE DU CHEMIN
J’ai donc présenté ici, petit à petit, chacun des disques originaux (vingt-six) de Marie-Paule Belle... à l’exception de quelques uns, peu, que je ne possède pas encore mais que je réussirai certainement à me procurer un jour ou l’autre. C’est le cas des disques dont la notice porte encore la mention « Présentation à venir ». J’ai aussi présenté les deux livres.
Et maintenant ? Célèbre à vingt-sept ans, disque d’or à trente, en vedette à l’Olympia à trente-deux, notre Belle a retrouvé le chemin du piano-voix qui lui suffit amplement. Sa voix et sa musique sur les mots des autres et de plus en plus sur les siens se passent facilement d’orchestrations à la mode (on constate d’ailleurs, à l’écoute de sa discographie, que celles des années 70 ont moins vieilli que celles des années 80…) De renouvellement en renouvellement, la Belle s’est retrouvée, compositrice, pianiste et chanteuse. Sa voix est toujours là. On ne trouve plus ses disques, ou presque : on peut acheter l’album consacré à Barbara, une compilation, et le dernier, Un pas de plus (sorti l’année du décès de Michel Grisolia) distribué à la diable. Sur les sites de vente d’occasion en ligne, on peut heureusement en acquérir bien davantage, et notamment les 33-tours qui avaient eu un succès considérable. Quelle sera la suite du chemin ?
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mercredi, 14 février 2007
2005, UN PAS DE PLUS
Ça restera quand on sera vieux, Jardin secret, Les Princes travestis, Tu m’chavires, Les Petits dieux de la maison, Jersey-Guernesey, Les Bigoudis, Manteau rouge et gants blancs, La Petite écriture grise, Un pas de plus, J’ai la clef, Sur un volcan, À l’imparfait, La Brinvilliers, Un peu d’angoisse et de café, Quand nous serons amis, Berlin des années 20, Où est-ce qu’on les enterre ?, L’Enfant et la mouche, Vieille, Classé X, La Parisienne, Sans pouvoir se dire au revoir, Une autre lumière.
Textes de Françoise Mallet-Joris et Michel Grisolia. Sauf : texte de Ça restera quand on sera vieux, de Sans pouvoir se dire au revoir et de Une autre lumière de Marie-Paule Belle. Texte de Jardin secret d’Isabelle Mayereau. Texte de Tu m’chavires d’Isabelle Mayereau et Jean-Jacques Thibaud. Texte de Sur un volcan et de Où est-ce qu’on les enterre ? de Françoise Mallet-Joris. Texte de J’ai la clef de Françoise Mallet-Joris et Pierre Jolivet. Texte de À l’imparfait d’Olivier Runel. Texte de Classé X de Michel Grisolia.
Au piano, Marie-Paule Belle.
CD, Beny-Music, BM 1426002.
Un pas de plus, oui, vers la simplicité musicale. La chanteuse est seule au piano et nous permet ainsi d’écouter ses très belles partitions originales – et enfin, on peut entendre les paroles de Sur un volcan, que le disque de 1985 avait massacrées par son mixage ahurissant. La photographie est de Stéphane Hubert (la chanteuse a désormais les cheveux courts), la maquette de Piérick Jeannoutot. Le livret précise : « Marie-Paule Belle remercie tout spécialement Barbara et ses proches ». Un nouvel auteur s’avance, le frère de Marie-Paule Belle, Olivier Runel. Ses disques n’étant plus disponibles, la chanteuse fait ici un panorama en vingt-quatre titres de ce qu’elle a donné à entendre depuis des années. Il y a toutefois cinq nouveautés : Jardin secret, Manteau rouge et gants blancs, Un pas de plus, À l’imparfait, Classé X. Trois de ses chansons personnelles sont reprises : Ça restera quand on sera vieux, Sans pouvoir se dire au revoir et Une autre lumière. Elle aborde un sujet important, l’euthanasie (Un pas de plus) : c’est un des thèmes les plus graves qu’elle ait traités avec, naturellement, Berlin des années 20. Huit chansons comiques représentent le tiers du disque. Ce qui est intéressant, c’est que ce choix nous fixe sur ce que la Belle considère elle-même comme le plus important de son répertoire.
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2001, MARIE-PAULE BELLE CHANTE BARBARA
Toi, Attendez que ma joie revienne, Le Bel âge, Au bois de Saint-Amand, Drouot, Si la photo est bonne, La Solitude, Ce matin-là, Madame, Chaque fois, Nantes, Gare de Lyon, Sans bagages, Du bout des lèvres, Une petite cantate, À mourir pour mourir, Joyeux Noël, Göttingen, Dis, quand reviendras-tu ? Elle vendait des p’tits gâteaux.
Textes et musiques de Barbara. Sauf : Ce matin-là de Barbara et Liliane Benelli, Sans bagages de Barbara et Sophie Makhno, Elle vendait des p’tits gâteaux de J. Brun et Vincent Scotto.
Au piano, Marie-Paule Belle.
CD, Philips, 014 7902.
Belle pochette cartonnée ouvrante, loin du coffret de plastique. On a souvent comparé Marie-Paule Belle à Barbara, au moins au début. On se demande bien pourquoi. Barbara est incomparable, elle n’a pas de descendance artistique. La Belle est foncièrement originale et ne doit rien à personne. Alors ? Deux femmes qui chantent, deux femmes au piano, deux femmes qui parfois ont interprété des chansons du début du siècle ? La belle affaire ! Le pire, c’est que la Belle (et on la comprend) admirait Barbara, la connaissait, mais a fini par souffrir, forcément, de cette comparaison inutile qui l’empêchait d’exister par elle-même. Entre ceux qui la prenaient pour un clown à cause des chansons comiques et ceux qui la comparaient à une chanteuse illustre, où pouvait-elle installer son piano ? Il était logique qu’un jour elle enregistrât un disque complet pour dire son admiration et signifier en même temps qu’elle est bien elle-même, personne d’autre. Ce disque est un salut complice, une tendresse amicale, pas une reconnaissance de dette.
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mardi, 13 février 2007
1999-2000, QUAND TU PASSES, UNE AUTRE LUMIÈRE
Antonio Carlos Maria Brésil (version de 1999), Fais-moi souffrir, La Petite écriture grise (version de 1999), Placali-calalou, Le Cœur de Jimmy, Quand tu passes, Mais où est-ce qu’on les enterre ?, Après toi le déluge, Chambre d’hôtel, Une autre lumière.
Texte de Antonio Carlos Maria Brésil et de La Petite écriture grise de Françoise Mallet-Joris et Michel Grisolia. Texte de Fais-moi souffrir d’Isabelle Mayereau et Marie-Paule Belle. Texte de Placali-calalou d’Isabelle Mayereau. Texte de Le Cœur de Jimmy de Françoise Mallet-Joris et Gil Damien. Texte de Quand tu passes et de Une autre lumière de Marie-Paule Belle. Texte de Mais où est-ce qu’on les enterre ? de Françoise Mallet-Joris. Texte de Après toi le déluge de Jean-Jacques Thibaud. Texte de Chambre d’hôtel de Laurent Ruquier. Musiques de Marie-Paule Belle.
CD, BMG, 74321653772.
Une photographie d’Arnault Joubin nous montre Marie-Paule Belle dans sa pleine maturité, plus belle que jamais. Les arrangements sont de Yaël Benamour. L’artiste reprend deux chansons de ses disques précédents, Antonio Carlos Maria Brésil et La Petite écriture grise dont elle donne de nouvelles interprétations sur de nouvelles orchestrations : dans la première, des chœurs et des voix ; dans la seconde, « Chaque jour depuis dix ans » est devenu « Chaque jour depuis vingt ans ». Elle donne en studio Mais où est-ce qu’on les enterre ? créé en scène en 1995 et écrit elle-même deux chansons encore, Quand tu passes et l’hommage à Barbara intitulé Une autre lumière. On note l’arrivée d’auteurs nouveaux, Gil Damien, Jean-Jacques Thibaud, Laurent Ruquier, qui font naître des univers également nouveaux (Placali-calalou, Le Cœur de Jimmy). L’amour déçu est toujours là (Après toi le déluge). L’attention aux autres est toujours présente (Chambre d’hôtel) et, simultanément, le retour sur soi. Deux chansons comiques seulement (Mais où est-ce qu’on les enterre et Fais-moi souffrir traité en blues). Ce disque paraît dix ans après le précédent album en studio. Dix années de silence, puisque le disque de 1995 est en public.
CD réédité en 2000, Olivi, 619061141227.
À la suite de problèmes avec la maison de disques, ce CD sera retiré de la vente et, l’année suivante, reparaîtra ailleurs sous le titre Une autre lumière, son contenu étant identique.
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1995, IL N’Y A JAMAIS DE HASARD, LIVE 1995
Wolfgang et moi, Quand nous serons amis, Tu m’chavires, Mon piano noir, L’œuf, Ces lettres auxquelles on ne répond pas, Mais où est-ce qu’on les enterre ?, Trans Europ Express, Les Petits dieux de la maison, L’Homme que je n’aime plus, Il n’y a jamais de hasard, Nous nous plûmes, Nosfératu, L’Enfant et la mouche, Berlin des années 20, Je veux pleurer comme Soraya, La Biaiseuse, La Parisienne, Sans pouvoir se dire au revoir, Le Menu.
Enregistrement public au Théâtre de Dix-Heures (Paris).
CD, Polygram, 529769-2.
Voici le deuxième enregistrement public de la Belle. C’est sa première manifestation discographique depuis 1989. Au Théâtre de Dix-Heures, elle présente un récital de vingt chansons (dont neuf comiques) en s’accompagnant elle-même au piano. Cette atmosphère intime est parfaitement suffisante et l’artiste se trouve loin des orchestrations devenues inutiles : on a ainsi le plaisir d’entendre ses partitions originales et de mieux comprendre son talent de pianiste. Toujours complice avec son public, elle est très proche à l’enregistrement, dans un lieu à dimension humaine. Après Mais où est-ce qu’on les enterre ?, elle fait applaudir Françoise Mallet-Joris, présente dans la salle. Après la seizième chanson, elle remercie ses techniciens et Jacques Rouveyrollis pour les lumières dont il la pare. Cette fois encore, elle propose une vision d’ensemble de son répertoire et cinq nouveautés : Tu m’chavires, Mais où est-ce qu’on les enterre ?, L’Homme que je n’aime plus de William Sheller et, d’elle cette fois, Il n’y a jamais de hasard et Sans pouvoir se dire au revoir. La maquette de ce disque est de William Yonner.
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1989, L’HEURE D’ÉTÉ
Les Yeux ouverts, Un peu chameau, un peu sultane, L’Heure d’été, Le Petit rouquin, J’aimais quatre garçons, Plou, Mon cœur funambule, Seule, Flipper, Ça restera quand on sera vieux.
Textes de Françoise Mallet-Joris. Sauf : Mon cœur funambule, avec Pierre Delanoë. Texte de Plou d’Isabelle Mayereau et Marie-Paule Belle. Texte de Le P’tit rouquin et Ça restera quand on sera vieux de Marie-Paule Belle. Musiques de Marie-Paule Belle.
33-tours, 30-cm et CD, AB Productions, 841685 2.
Une maquette de Larry Kazal, qui n’est ni belle ni rédhibitoire. On retrouve l’univers de Marie-Paule Belle tel qu’on le connaissait depuis l’origine grâce au retour d’Hervé Roy, le plus talentueux de ses arrangeurs et celui qui, d’évidence, la sert le mieux. Les Yeux ouverts est la chanson d’amour triste qui en appelle à la lucidité maîtrisée (« Les yeux fermés on s’aime encore »), tandis qu’Un peu chameau, un peu sultane rappelle, dans l’intention au moins, Je veux être une garce. L’Heure d’été, chanson d’espérance amoureuse, offre des images très « Mallet-Joris » : « Et ton corps mon corps sont transfigurés / Midi et minuit sont réconciliés / (…) Et même nos ombr’s se donn’nt un baiser ». Mon cœur funambule ressemble à un petit cinéma muet ou, titre oblige, à une atmosphère de cirque appliquée au quotidien qui devient spectacle (« Fanfan-la-Tulipe / N’est pas démodé »). Typiquement, on trouve ici une accélération du rythme jusqu’à la valse finale, très rapide. Le Petit rouquin est la chanson comique de service, pleine d’entrain et dont l’énumération tient de la virtuosité. Une virtuosité traitée en charleston. Plou est une fantaisie en cha cha, c’est la deuxième chanson comique du disque. J’aimais quatre garçons dit la nostalgie qu’on trouvait dès les premiers disques ; elle s’exprime ici envers les Beatles. Seule, c’est la solitude amoureuse qui s’exprime dans la crainte non dite. Flipper, sur un rythme très rapide et saccadé, aligne, comme souvent dans cet univers, la vie et l’imagerie moderne. Le jazz des couplets cède, au refrain, à un rock lent. Ça restera quand on sera vieux est une très belle chanson résignée et pleine d’espoir à la fois. Paru au moment où le microsillon commence à céder le pas au disque compact, ce très bon album, qui existe dans les deux versions, sera le dernier enregistré en studio avant dix ans.
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1987, MINI-MINITEL (sans titre)
Mini-minitel, Chez Pivot.
Textes de Françoise Mallet-Joris. Musiques de Marie-Paule Belle.
45-tours, Carrère, 14175.
Seul disque de l’année 1987 : deux chansons un peu « rigolotes ». Heureusement qu’il y eut, cette année-là, un recueil de textes et une autobiographie. La pochette a décroché à l’unanimité le prix de la Nunucherie-Lamentable. Sur une photographie d’Alain Marouani – la même que celle qui servira pour la couverture du livre de souvenirs – un cadre rouge. C’est une maquette de Claude Caudron, qui avait déjà sévi l’année précédente et n’en était pas mort de honte. Habillée par Anne-Marie Beretta et coiffée par Léonard pour Lucie Saint-Clair (aussi peu lumineuse que l’an passé), Marie-Paule Belle chante deux textes recouverts par les arrangements stupides et superfétatoires de Serge Perathoner qui rendent les paroles incompréhensibles. C’est ainsi que, d’une chanteuse intemporelle, on fait n’importe quoi en voulant « moderniser » ce qui n’en avait pas besoin.
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1987, AUTOBIOGRAPHIE
Marie-Paule Belle, Je ne suis pas parisienne, ça me gêne…, Carrère-Lafon, 1987. Préface de Françoise Mallet-Joris.
C’est un très beau livre de souvenirs qui comporte malheureusement bien des coquilles, surtout dans son dernier tiers. Un ouvrage utile et plaisant qui prouve au passage que l’auteur sait écrire. On s’en apercevra un peu plus tard, quand elle passera à l’écriture de chansons. En prime, la couverture la plus laide du siècle et la photographie la plus nunuche : c’est signé Carrère-Lafon. Bien sûr, le titre était inévitable. On se demande bien pourquoi ces choix commerciaux stupides : titre ultra-connu, couverture vulgaire dans le pire goût des années 80. C’est dommage, le texte méritait un plus bel habit. Le cahier de photographies est intéressant aussi, mais il a dû être mis en pages par un éléphant épileptique.
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1986, L’AVENTURIÈRE (sans titre)
L’Aventurière, Tant pis tant mieux.
Texte de L’Aventurière de Françoise Mallet-Joris et Jean-Dominique Morgane. Texte de Tant pis tant mieux de Françoise Dorin. Musiques de Marie-Paule Belle.
45-tours, Carrère, 14001.
Une des pochettes les plus laides de cette importante discographie. Cheveux teints et vêtements dans le « meilleur » goût des années 80 : la Belle est coiffée par Léonard pour Lucie Saint-Clair (elle manque de lumières, la Lucie) et habillée par Jean-Rémy Daumas (à sa place, de honte, je n’aurais pas signé ce costume qui donne à une belle femme des épaules de déménageur). Des titres verticaux sur fond de couleurs différentes, des polices de teintes, de corps et d’œil différents, le nom de l’artiste imprimé en biais, un verso à bandes verticales jaune, grise et rose (la maquette est de Claude Caudron qui, je l’espère du moins, en rougit très fort aujourd’hui). Le portrait de l’artiste est de James Espié (qui s’est inscrit depuis à des cours de photographie). Bref, l’horreur absolue. La Belle méritait mieux pour ce qui demeure le seul disque de cette année (deux chansons) et ouvre une période où elle marquera malheureusement le pas. L’Aventurière montre un désir de renouvellement et une continuité en même temps. On y trouve de belles envolées vocales. La direction musicale est de Roland Romanelli et l’on entend aussi la voix d’Olivier Constantin. Tant pis tant mieux est un texte plutôt faible. La direction musicale est de Serge Perathoner et Janick Top est à la basse.
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1987, CHOIX DE TEXTES
Françoise Mallet-Joris, Marie-Paule Belle, collection « Poésie et chansons », n° 57, Seghers, 1987.
Avec un entretien entre Marie-Paule Belle et Lucien Rioux, un choix de textes et une discographie.
Dans cette collection au format presque carré, issue de la légendaire série « Poètes d’aujourd’hui », la Belle avait évidemment sa place. On regrette un peu que Françoise Mallet-Joris, dans sa présentation, ne soit pas allée très loin et que son texte, trop bref, recoupe partiellement les souvenirs de la principale intéressée qui paraîtront la même année. Sans doute était-elle mal placée pour parler du contenu des textes qu’elle a elle-même en grande partie écrits ; pourtant, c’était l’intérêt du volume. Un entretien est mené par Lucien Rioux, grand connaisseur et historiographe de la chanson. Il complète cette courte préface, mais c’est encore trop peu. Le cahier d’illustrations est intéressant. En couverture, est reprise la très émouvante photographie du 33-tours de 1976. Des textes qui n’ont jamais été enregistrés sont donnés dans ce volume : Saugrenu, Antinéa, Berceuse pour une voiture, Beyrouth, Châteaux de cartes, L’Oiseau gris, La Dame du vestiaire, Le Métro aérien, Un jour une semaine.
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1985, SUR UN VOLCAN
Sur un volcan, Y a des moments, Je te teste, Les Oiseaux bleus, En anglais il faut qu’ça danse, Matin d’amour, Dommage, La Machine jaune et noire, Noël nostalgie, Si j’avais été une Espagnole.
Textes de Françoise Mallet-Joris. Texte de Les Oiseaux bleus de Juliette Mills. Musiques de Marie-Paule Belle.
33-tours, 30-cm, Carrère, CA 681 66224.
La pochette est sans grand intérêt, qui propose le même portrait, signé Jean Clemmer, au recto et au verso. Une maquette de Claude Caudron. Milieu des années 80 : c’est le summum du mauvais goût, de l’esthétique bidon et du look érigé en personnalité. Juliette Mills « prend en mains » la Belle. Elle aurait mieux fait de la laisser où elle était. De l’archétype de la femme brune, elle fait une blonde aux cheveux crêpés qui, en scène, se couche sur le piano. Difficile de faire plus bête ! À cette période, règne aussi le terrorisme sonore : synthétiseur obligatoire et, surtout, mixage catastrophique qui met la musique d’accompagnement à la même hauteur que la voix, voire, parfois, devant. Si bien que, de ces chansons, on ne comprend plus les paroles et, de cette chanteuse, on n’entend plus la voix. De cette collaboration, Marie-Paule Belle dira avec générosité : « C’était peut-être une erreur de parcours. Ce n’est pas un échec parce que ça m’a donné des prises de conscience. Je me suis fait teindre en blonde notamment. Dans le spectacle, je me couchais sur le piano. C’était assez drôle ! J’aimais bien être un peu quelqu’un d’autre, ou chanter avec des cuissardes, mais avec le recul, ce n’était vraiment pas moi. Juliette Mills avait une vision complètement différente de la mienne, qui m’attirait, même si elle était un peu folle. Je lui avais donné carte blanche et j’y suis allée à fond. Après ça, chacune est repartie sur son propre chemin parce que je me sentais mieux telle que j’étais avec mes racines et ma propre identité » (entretien paru in Synopsis, 2000). Certains arrangements de la face B sont de Serge Parathoner, la direction musicale de la face A de Roland Romanelli. Au bout du compte, du texte de ces dix chansons, seul celui de Sur un volcan est vraiment intéressant : une inquiétude sociale très bellement transcrite (« Et sur un volcan si l’on danse / Dansons en vêtements du soir ») et une volonté individuelle (« Car sur un volcan / Il faut rester chic c’est important »). Les Oiseaux bleus est accompagné à la guitare par José Souc ; on peut donc entendre les paroles de Juliette Mills – hélas : elles sont quelconques. Après ce disque – le premier 30-cm original depuis 1982 – Marie-Paule Belle n’enregistrera plus d’album jusqu’en 1989.
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1983, LA VIE FACILE (sans titre)
La Vie facile, Bon pour la mère, bon pour l'enfant.
Textes de Françoise Mallet-Joris. Musiques de Marie-Paule Belle.
45-tours, Carrère, 13317.
Chez Carrère, on était si fier de la pochette atroce du double disque en public qu’on en a repris un détail, recadré pour ce 45-tours qui comprend les deux seules chansons en studio de 1983. Pour faire bonne mesure, on a tout inscrit en biais, avec des lettres de couleur ombrées pour le nom de l’artiste, des lettres d’une autre couleur pour le titre de la chanson, un triangle jaune incongru et des rayures jaunes en biais parfaitement inutiles. Bref, une horreur graphique généralisée, encore aggravée au verso par la présence d’un cartouche vert pomme reprenant les titres et les crédits, et d’un second cartouche jaune d’or, présentant les références du disque. Le tout en biais, naturellement. Consternation ! Heureusement, il y a le contenu. Les arrangements et la réalisation sont de William Sheller. Dans La Vie facile, on retrouve l’inquiétude et la nostalgie propres à l’univers de la chanteuse, qui regrette toujours un peu que la réalité ne soit pas conforme à ses rêves : « C’est ça la vie facile / Celle qu’on vit aujourd’hui / Celle où tout est facile / Sauf justement la vie ». Toujours les problèmes de couples séparés (et la présence du téléphone), les questions d’enfant à mettre ou non au monde quand le monde est ce qu’il est. Avec Bon pour la mère, bon pour l’enfant, on retrouve l’univers de la jeune Marie-Paule Belle : « Voilà mes dix-huit ans / Alors il ne fallait rien gaspiller ». Puis, la jeune fille s’envole mais « Le temps recommence / Commence ma vie / Le temps recommence / Où vais-je aujourd’hui ». Il y a les années 60 contestataires : « Avec des amis autour d’une guitare / On parle révolution », mais la résignation viendra à son heure : « Je ne me fâche plus quand maman dit / Écoute-moi c’est pour ton bien / J’ai changé de regard et d’amis / C’est doux, c’est amer /Et je marche à côté de ma vie / Bon pour l’enfant, bon pour la mère ». Un excellent disque, hélas trop court.
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1983, EN PUBLIC
Je rêve, Wolfgang et moi, L’œuf, La Louisiane, L’Alibi de la libido, L’Amérique c’est ça, L’Impromptu de Schubert, Souci, Compiègne, Paris, fais-toi faire un lifting, Comme les princes travestis, Quand nous serons amis, Moujik russe, Un peu d’angoisse et de café, Mon nez, Celui, J’ai la clef, Berlin des années 20, Nosfératu, L’Enfant et la mouche, La Biaiseuse, La Parisienne, Le Menu.
Enregistrement public au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles et à la Maison de la Culture de Tournai (Belgique).
Double 33-tours, 30-cm, Carrère, CA 271 66054.
Voici – toujours le goût des années 80 – une pochette abominable. Mise en pages ahurissante de sottise, traits de couleur intempestifs en surimpression de photos sur fond noir. Titre partiellement horizontal, partiellement en biais, en lettres de couleur ombrées. Au verso, une photographie floue, volontairement bougée. À l’intérieur, une horreur mise en scène par un vampire ivre et enrhumé avec, entre autres, une mauvaise photographie de l’artiste au piano. C’est le premier enregistrement public de la Belle, il regroupe vingt-trois chansons, choix effectué dans les dix années qui viennent de s’écouler. C’est tout le talent de la Marie-Paule Belle d’alors dans une rétrospective de l’ensemble de son répertoire, avec beaucoup d’effets de scène. Effets musicaux aussi bien que vocaux. La complicité avec son public est indéniable. Elle commence avec Je rêve, très belle chanson d’entrée enregistrée ici pour la première fois. Elle présente ses musiciens juste après, ce qui est inhabituel, et annonce ses auteurs trois chansons avant la fin. Le spectacle se termine avec Le Menu, également gravée ici pour la première fois. Sur vingt-trois titres, il y a dix chansons « rigolotes ».
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1982, PARIS, FAIS-TOI FAIRE UN LIFTING
Paris, fais-toi faire un lifting, La Cabine en verre, J’ai la clef, 42 colonnes corinthiennes, T’es mal en mâle, Compiègne, Nuage rose, Une imbécile heureuse, L’Amérique c’est ça, L’Impromptu de Schubert.
Textes de Françoise Mallet-Joris. Sauf J’ai la clef : avec Pierre Jolivet, Compiègne et Une imbécile heureuse : avec Pierre Delanoë. Texte de T’es mal en mâle de Pierre Jolivet. Texte de L’Amérique c’est ça de Piere Delanoë. Musiques de Marie-Paule Belle.
33-tours, 30-cm, Carrère, CA 681 67927.
Encore une pochette horrible : au recto comme au verso, des affiches déchirées en noir et blanc (ce qui s’est fait cent fois) et, au verso, une tache bleue et une tache jaune en surimpression. Sur la jaune, les informations de pochette. La maquette est signée Bee & Bee, dont l’histoire ne retiendra pas le nom. Les arrangements sont de Serge Perathoner, Jean-Jacques Cramier et Bernard Rosati. À l’accordéon, Roland Romanelli. C’est un disque court (dix chansons), grave et très intéressant. Paris, fais-toi faire un lifting est un merveilleux chant de revendication, souvenir des espoirs nés de l’arrivée de la gauche au pouvoir l’année précédente. L’amour meurt dans La Cabine en verre. 42 colonnes corinthiennes est une valse lente où s’opposent les visions individuelles d’enfance et celles, sociales : heureusement, « C’est le géant qui meurt ». T’es mal en mâle est un blues révélateur d’une époque où, enfin, les hommes commencent à dire leurs faiblesses et à ne plus être tenus à une force artificielle. Compiègne dit les camps de concentration. Une imbécile heureuse est encore la chanson de la nostalgie qu’on retrouve si souvent dans les disques de Marie-Paule Belle. La valse ne la rend pas plus gaie. On retrouve encore l’enfance et la mère dans L’Impromptu de Schubert, un beau jazz. Une seule chanson comique : le tango J’ai la clef.
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1982, MON PREMIER ALBUM
La Biaiseuse (Marinier et Lelièvre), Comme un moineau (Hely et Lenoir), Du gris (Dumont et Beneche), Nous nous plûmes (Pot et Sibre), Les Hommes qui nous aiment (Scotto, Koger et Hugon), Les Petits pavés (Vaucaire et Delmet), L’Éloge des vieux (Colle et Guilbert), Lilas blanc (Botrel), 27, rue des Acacias (Nohain et Mireille), Si je pouvais n’avoir plus d’yeux (Fursy et Daniders), Émilienne (Willemetz, Pujol, Pothier et Oberfeld).
33-tours, 30-cm, Carrère, CA 671 67852.
Pour son premier disque chez Carrère, la Belle précise au verso qu’elle dédie ce disque à sa grand-mère. C’est le début d’une série de pochettes hideuses, même si celle-ci est rendue émouvante par la photographie de la fille du docteur Belle, en petite écolière. Tous les artistes d’une certaine notoriété s’offrent un disque « en-dehors », un disque « à part ». Voici celui de Marie-Paule Belle, onze chansons réalistes pleines de prostituées tristes au grand cœur, de misère et de trottoirs du malheur, pleines de gouaille aussi, et d’impertinence. On comprend que l’interprète fasse merveille dans un tel répertoire. La chanson la plus écrite est évidemment celle de Michel Vaucaire, Les Petits pavés, qui fut aussi reprise par Gainsbourg ou Nougaro. C’est aussi l’arrivée, dans cet univers, du synthétiseur. Les arrangements sont de Serge Perathoner, de Bernard Rosati, de Viviane Galo, de Jean-Jacques Cramier. On entend quelques chœurs constitués de la Belle et de ses musiciens. Il y a même un chorus de clarinette synthétique.
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1981, BANDE ORIGINALE DU FEUILLETON TÉLÉVISÉ DICKIE ROI
J’avais rêvé d’un monde, Thème de la secte.
Texte de Françoise Mallet-Joris et Michel Grisolia. Musique de Marie-Paule Belle.
45- tours, Carrère, 49839.
Horrible pochette avec photographie en diagonale, mode graphique des années 80. Les arrangements sont de Roland Romanelli et Jeannick Top. Chanson de feuilleton, chanson de générique : « J’avais rêvé d’un monde… / Où tout serait léger comme le vent dans la forêt / C’est faux depuis l’enfance on m’a trompée / C’est faux l’amour n’est pas récompensé ».
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1980, PATINS À ROULETTES (sans titre)
Patins à roulettes, Elle t’a changé, Je veux être une garce, J’ai pas trouvé le père, Le Passeur de cafard, Sonatine ou sonotone, J’ai perdu un ami, Beauté de banlieue, Heureuse par hasard, L’Amour dans les volubilis, Le Blues des 80 ans, La Complainte des petits métiers.
Textes de Françoise Mallet-Joris. Sauf Sonatine et sonotone : avec Michel Grisolia, Elle t’a changé : avec Pierre Jolivet, Heureuse par hasard et La Complainte des petits métiers : avec Pierre Delanoë, L’Amour dans les volubilis : avec Jean-Claude Massoulier. Texte de Le Passeur de cafard de Pierre Delanoë. Musiques de Marie-Paule Belle. Sauf L’Amour dans les volubilis : musique d’André Popp.
33-tours, 30-cm, Polydor, 2473 118.
L’imagination en panne, le nouveau maquettiste de Polydor (qui n’a pas osé signer) crée pour la Belle, c’est la première fois, un 33-tours dont la pochette ne s’ouvre pas, où le nom de la chanteuse est en lettres bâton blanches, où le portrait n’est pas aussi fascinant que précédemment (on pense ici, notamment, au disque de 1974), où la couleur est naturelle, pas étudiée chromatiquement. Au verso, banalité toujours avec une photographie dont le noir et blanc n’est même pas velouté et une liste de titres sur fond lilas. Les photographies sont de Marc Attali. Le cercle des auteurs s’élargit puisque Françoise Mallet-Joris fait ici équipe pour une ou deux chansons avec Grisolia, certes, mais aussi avec Jolivet, Delanoë et Massoulier. Il y a même un texte dans lequel elle n’intervient pas du tout. N’importe, la musique, elle, est toujours composée par celle qui la chante (et avec quelle voix)… sauf pour L’Amour dans les volubilis, où elle est signée André Popp. Les arrangements sont d’Hervé Roy, de José Souc ou de Jean Schoulteis. Patins à roulettes chante la nostalgie – on n’est pas loin de l’esprit de Grappe de raisins – et le temps qui fuit, d’une manière originale : « La vie se déroule à l’envers ». Elle t’a changé, au fond, parle de la même chose dans un autre registre, ainsi que La Complainte des petits métiers, valse lucide. Je veux être une garce n’est pas comique comme le titre pourrait le laisser supposer. Loin de là, c’est l’impuissance de l’amour silencieux quand il en a assez d’être un port d’attache : « On doit pouvoir y arriver… / Puisqu’il faut ça pour être aimée », mais ça ne marche pas si facilement. Mêmes préoccupations dans J’ai pas trouvé le père. Beauté de banlieue insiste sur le désir d’être ce qu’on n’est pas. Deux tangos tristes : Le Passeur de cafard et J’ai perdu un ami. Grande diversité musicale dans ce disque : jazz (Heureuse par hasard), pop (L’Amour dans les volubilis), blues (Le Blues des 80 ans) et un pastiche, Sonatine ou sonotone (unique chanson comique) qui tente de retrouver la veine de Wolfgang et moi sans y parvenir, mais est magnifique. Pas de doute, la Belle a trente-quatre ans, elle prend conscience du temps. Elle ne peut plus, semble-t-il qu’être Heureuse par hasard.
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lundi, 12 février 2007
1979, COMME LES PRINCES TRAVESTIS (sans titre)
Comme les princes travestis, Paresseux paysages, L’Enfant et la mouche, Mon piano noir, L’Homme volant, Moujik russe, Berlin des années 20, L’Alibi de la libido, Débranche ton soleil, Que tu ne m’aimes plus, Show business.
Textes de Françoise Mallet-Joris et Michel Grisolia. Musiques de Marie-Paule Belle.
33-tours, 30-cm, Polydor 2393 221.
C’est une pochette au traitement graphique mixte : photographie et dessin. L’intérieur est à système, avec un découpage animé. Les dessins, voiture et femmes des années 20, quilles géantes, sont signés Patrice Leroy. Les arrangements sont d’Hervé Roy, Michel Bernholc et Jean Musy. Voici un des disques les plus étonnants de l’artiste et une mise en garde à ceux qui pourraient se focaliser sur les chansons humoristiques. Berlin des années 20 est la chanson la plus grave qu’elle ait jamais enregistrée : « Tu faisais ton lit / Sur un manteau vert-de-gris ». On pense aux Damnés de Visconti. Mais il y a aussi Comme les princes travestis qui fait songer au Verlaine des Fêtes galantes, dans l’esprit sinon dans le ton, et dit en tango la vérité de la chanteuse : « Je m’habille de confettis… / J’ai rêvé d’amours platoniques / Dans des poèmes sans défaut / Et j’en ai ri d’un air critique / En les salissant de gros mots / …Suis-je Pierrot ou Colombine / Suis-je Colombine ou Pierrot / L’incertitude qui me mine… » On entend encore, au registre du sévère, L’Enfant et la mouche. Mon piano noir dit la nostalgie de deux amies d’enfance (« À l’école on nous confondait ») séparées et toujours présentes l’une à l’autre, mais avec une différence de destin. L’Homme volant est une rêverie planante où l’amour est Icare, rêverie qui se termine mal. Chansons d’amour (la valse Débranche ton soleil, les crescendos successifs de Que tu ne m’aimes plus), amour sensuel (la biguine Paresseux paysages) ou morceaux comiques (L’Alibi de la libido, Show business et son french cancan, Moujik russe) ne sauraient faire oublier qu’il y a travestissement de l’artiste : elle a tant de facettes, en réalité – à l’image de cette fenêtre de la pochette, qui laisse entrer, en même temps, un nuage et un arc-en-ciel.
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1978, MARIE-PAULE BELLE POUR LES ENFANTS
Deux chantefables écrites et racontées par Françoise Mallet-Joris : La Bicyclette, L’Arbre des villes et l’arbre des champs.
45-tours, Adès-Le Petit ménestrel, ALB. 156.
Un album publié dans la collection « Le Petit ménestrel » des disques Adès est forcément bon. On eût aimé toutefois davantage d’originalité dans la couverture : le papier quadrillé et l’écriture enfantine en couleurs, c’est un peu usé, quand même. À l’intérieur, un livret de seize pages illustré par Jacques Delfau avec grand talent… et avec des idées, comme celle de cette bicyclette qui a une tête ressemblant à une dame qu’on connaît bien ici. Dans ces deux histoires pour enfants, Françoise Mallet-Joris confirme – mais on l’imaginait bien – ses dons de polygraphe. Tout artiste qui compte se voit proposer un disque pour enfants. C’est un signe sûr. Ici, les chansons ne sont pas nunuches, elles s’inscrivent bien dans l’univers de la Belle.
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1978, BANDE ORIGINALE DU FILM VAS-Y MAMAN
Vas-y, Vas-y (instrumental).
Texte de Françoise Mallet-Joris et Michel Grisolia. Musique de Marie-Paule Belle.
45-tours, Polydor, 2056 753.
« Tu cours vers l’amour de ta vie / Et puis tu te tords la cheville / Mais après tout ça vaut la peine / Vas-y »… C’est le même univers que celui de Marie-Paule Belle lorsqu’elle chante Françoise Mallet-Joris et Grisolia et qu’elle est servie par les arrangements d’Hervé Roy. Avoir toujours la même équipe sauvegarde l’unité, bien qu’il s’agisse ici d’une chanson de circonstance : « Y a des pierr’s dans tout’s les lentilles / ( …) Y a des fauss’s not’s dans les pianos ».
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1978, L’ALMANACH DE MARIE-PAULE BELLE
Les Petits patelins, Une boucle, un trou, Mes bourrelets d’antan, Même si, J’t’adore, message terminé, Mon odyssée, Vieille, Souci, Le Cha-cha plaît, La Petite écriture grise, Je viens, Je vide mon sac.
Textes de Françoise Mallet-Joris et Michel Grisolia. Musiques de Marie-Paule Belle.
33-tours, 30-cm, Polydor 2393 179.
Sur des photographies d’Alain Marouani, une pochette imitant un almanach d’autrefois. À l’intérieur, les cases des mois sont remplies non avec le calendrier correspondant mais avec quelques extraits de chansons. Prix de la meilleure pochette pour cet éphéméride qui nous montre la Belle en robe blanche 1900, portant chapeau et ombrelle. Les arrangements sont d’Hervé Roy ou de Michel Bernholc. L’univers de la chanteuse, à présent, est bien installé. Les chansons comiques sont nombreuses (Je vide mon sac), traitées en polka (Les Petits patelins), valse (Mes bourrelets d’antan), cha-cha (Le cha-cha plaît). Plus graves, d’autres textes relèvent du même monde : Une boucle, un trou reprend le schéma (solitude, regard lucide, attention aux autres et retour sur soi) des chansons de disques antérieurs, ainsi d’ailleurs que Vieille. Même si est le regard de la femme aimante sur l’autre et sur le temps qui passe. J’t’adore, message terminé est discrètement grave, dans une écriture amusée et, en même temps, témoignage du moment. L’envol de la voix est présent au refrain (Même si, Mon odyssée, Vieille), les changements de rythme sont là aussi (Je viens). Aucun doute, on est chez la Belle.
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1978, BANDE ORIGINALE DU FILM CHAUSSETTE SURPRISE
Chaussette surprise, Chaussette surprise (instrumental).
Texte de Françoise Mallet-Joris et Michel Grisolia. Musique de Marie-Paule Belle.
45-tours, Polydor, 2056 742.
Une chanson de circonstance s’il en fut (« Ça fait désordre / Tout ce mouv’ment / Ça fait désordre / Mais c’est marrant / Ça fait désordre / Dans le tempo / Ça fait désordre / Mais ça tient chaud »), sur un rythme enlevé de charleston. Un thème de comédie.
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1976, MAMAN J’AI PEUR (sans titre)
Maman j’ai peur, Quand nous serons amis, La Brinvilliers, Ces lettres auxquelles on ne répond pas, Je veux pleurer comme Soraya, Jersey Guernesey, Je vis ma mort à chaque instant, La Matraque, Mes mots d’amour, À Damia.
Textes de Françoise Mallet-Joris et Michel Grisolia. Musiques de Marie-Paule Belle. Musique de Je vis ma mort à chaque instant d’Astor Piazzola.
33-tours, 30-cm, Polydor, 2473 056.
Une nouvelle esthétique des pochettes se fait jour. Les photographies sont ici d’Alain Marouani. À l’intérieur, parmi de nombreux mannequins blancs sans cheveux, la plupart sans bras, la chanteuse brune à l’ample chevelure est vêtue de noir et se tient les bras, justement. Les arrangements, cette fois, sont partagés entre Astor Piazziolla, Michel Bernholc et Hervé Roy. Trois chansons « rigolotes » (Maman j’ai peur, La Brinvilliers et La Matraque) et d’autres, plus secrètes : Quand nous serons amis répond à Au plaisir du disque précédent. Jersey-Guernesey et Ces lettres auxquelles on ne répond pas sont les complaintes de l’amour triste que tout disque se doit de contenir, mais avec une écriture princière qui dit en deux vers le désabusement mélancolique (« Je n’t’attends plus il est trop tard / Pour dévier le cours de l’histoire »). Je veux pleurer comme Soraya est dans la lignée des chanteuses réalistes que l’artiste admire. Elle y vient, d’ailleurs, avec l’hommage À Damia. Mes mots d’amour est la chanson d’une femme libre. Toujours très caractéristique, l’envol de la voix au refrain (Quand nous serons amis, Je veux pleurer comme Soraya, Mes mots d’amour).
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1976, CELUI (sans titre)
Celui, Mon nez, Les Dessins d’enfants, Je ne t’attendrai pas, La Louisiane, Les Bigoudis, Au plaisir, Antonio Carlos Maria Brésil, Diane, Des marques de doigts, La Parisienne.
Textes de Françoise Mallet-Joris et Michel Grisolia. Texte de Mon nez de Serge Lama. Musiques de Marie-Paule Belle.
33-tours, 30-cm, Polydor, 2393 130.
Dans une pochette de même esprit que celui des deux 33-tours précédents (tons bruns, chemisier, Pierrot, roses jaunes, graphisme du nom, toujours une maquette de Nicolas Scoulas) et encore avec les intelligentes orchestrations d’Hervé Roy, ce disque s’ouvre sur un chef-d’œuvre, Celui. On entend ces envols de la voix, si émouvants, au refrain de Dans les dessins d’enfants ou de Je ne t’attendrai pas, ce manifeste d’amour, de liberté, d’indépendance, si caractéristique d’une époque féministe. Au plaisir annonce, par certains aspects, une chanson future, Quand nous serons amis : c’est la ballade de l’amour triste dans une écriture intelligente, témoin des années 70. De nombreux rythmes, d’ailleurs, dans ce 30-cm, sont révélateurs du moment (Diane, Des marques de doigts). Antonio Carlos Maria Brésil est, sur un rythme enlevé, un rêve d’homme dans la tête d’une jeune femme, prince charmant et homme providentiel attendu comme le Messie (« Un jour s’il venait »). Restent les chansons « rigolotes » : Mon nez, que lui écrivit Lama parce qu’elle avait des problèmes avec le sien. Elle fit une musique ironique à souhait, pleine d’auto-dérision. Les Bigoudis, chanson narrative sur le thème éternel de la femme qui « se débrouille ». Et enfin, La Parisienne, pastiche d’opérette qui sera sa chanson la plus connue, lui apportera la notoriété et l’enfermera dans la case « chanteuse rigolote », parce que la France est le pays des étiquettes et qu’on n’a pas le droit d’être plusieurs en même temps. Parfaitement écrite cependant, et combien révélatrice de l’époque de sa création, La Parisienne est un cadeau empoisonné qui va occulter de très belles chansons plus graves, plus intimes, plus profondes.
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1975, BANDE ORIGINALE DU FILM THOMAS
Tout est si calme, Tout est si calme (instrumental).
Texte de Françoise Mallet-Joris et Michel Grisolia. Musique de Marie-Paule Belle.
45-tours, Sonopresse-Okapi, 40186.
La pochette la moins imaginative du siècle abrite le thème du film de Jean-François Dion. Le sujet même de la chanson, qui dure évidemment le temps d’un générique, pouvait faire craindre le pire : le bonheur tranquille d’un couple dans une maison, le chat, le feu. Heureusement, le trio des paroliers et de la chanteuse réussit à sauver la situation : « Tout est si calme dans la maison / Le bonheur est là sans raison / Tout est si calme dans la maison / Je ne veux pas d’autre horizon ». Les belles orchestrations d’Hervé Roy réussissent la gageure de rendre le calme par un crescendo.
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1974, CAFÉ RENARD (sans titre)
Café Renard, C’est encombrant l’amour, Un peu d’angoisse et de café, À mi-chemin, Deux heures du matin, Les Petits dieux de la maison, Une abeille, Grappe de raisins, L’Hiver des cœurs, Canevas, Demi-sommeil.
Textes de Françoise Mallet-Joris et Michel Grisolia. Texte de À mi-chemin de Françoise Mallet-Joris et J. Delfau. Texte de Canevas de Boris Bergman. Musiques de Marie-Paule Belle.
33-tours, 30-cm, Sonopresse-Okapi, OK 69626.
Second 33-tours. On est dans le même monde que l’an passé, nous dit cette pochette au portrait saisissant, avec ce gros plan sur un regard sombre et de magnifiques cheveux noirs. Au verso, la même photographie sert à un photomontage qui masque le visage. À l’intérieur, un autre gros plan lui est partiellement superposé. Le graphisme du nom de la chanteuse est le même, il s’agit toujours d’une maquette de Nicolas Scoulas exécutée dans une gamme de tons bruns, d’ocres et de jaunes. Ce sont toujours les orchestrations d’Hervé Roy. On est dans le même livre, l’univers n’a pas bougé. Univers féminin : l’inquiétude devant la fragilité de l’amour (À mi-chemin) ; les complaintes de l’amour triste (Café Renard) où la destinée de celle qui attend s’efface devant le regard qu’elle pose sur les individus qui l’entourent. On retrouvera souvent cette attention aux autres dans les ballades descriptives des auteurs et de leur interprète ; Françoise Mallet-Joris et Grisolia excellent en effet à traduire les sentiments personnels de celle qui leur prête leur voix (le souvenir de la mère dans Les Petits dieux de la maison) ; la nostalgie d’une jeunesse partie déjà (Grappes de raisin)... Le regard est toujours très lucide (Canevas, de Boris Bergman). Surtout, Un peu d’angoisse et de café est le genre de chanson superbe qui, à mon sens, caractérise le mieux la chanteuse : mélange d’attention aux autres et de lucidité, qu’on ramène ensuite à soi : « Mais de quoi vivons-nous nous-mêmes » demande celle qui fait partie du monde et le reçoit en elle dans une invention musicale constante. On note que ce disque ne contient aucune chanson « rigolote » : tout juste si C’est encombrant l’amour se permet l’ironie et la causticité.
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1973, ÇA M’EST ÉGAL (sans titre)
Ça m’est égal, L’Odeur de l’herbe, Loin, L’Âme à la vague, Trans-Europ-Express, Nous ne serons jamais plus seuls, Ma lèvre a saigné ce matin, Comme les pierres, Pourquoi je t’aime, Wolfgang et moi.
Textes de Françoise Mallet-Joris et Michel Grisolia. Musiques de Marie-Paule Belle.
33-tours, 30-cm, Sonopresse-Okapi, OK 69608.
C’est le premier 33-tours, préfacé par Françoise Mallet-Joris. Dès l’abord, la pochette installe un monde : poupées aux joues rouges, chemisier blanc à col montant, oiseaux… quelque chose d’intime et d’ambigu. Qui est la poupée ? Quel est cet univers ? La présentation est faite dans des tons bruns qu’on retrouvera, ainsi que le graphisme du nom de la chanteuse, dans les disques suivants, ce qui conforte encore la sensation d’un tout. Photographies, maquette et montage sont dus à Nicolas Scoulas. On retrouvera aussi les superbes orchestrations d’Hervé Roy. Les chansons sont des chansons graves, un peu tristes, à l’exception de Wolfgang et moi, qui vient en dernier. On devrait réfléchir davantage à cela. Le rire, c’est après, on y a droit lorsqu’on a tout écouté. C’est un peu, déjà, la vérité de l’artiste, cette vérité qu’elle n’ose pas dire immédiatement : elle est moins comique qu’il n’y paraît, elle peut faire rire, oui, mais… en plus. La mort rôde dès l’abord : « C’est vrai que je dois m’en sortir (…) Je vois dans l’eau passer la mort » (Ça m’est égal). Au mieux, elle fait place à L’Âme à la vague (« J’ai l’âme à la mer / J’ai l’âme à la mort / Et je désespère / De trouver un port »), elle permet de chanter presque gaiement qu’on est malheureux Comme les pierres et, si l’on célèbre le fait que Nous ne serons jamais plus seuls, en opposition à « Ces jours où je n’avais pour amis / Qu’un miroir et une cigarette », c’est au risque d’être « unis dans le même linceul ». Même lorsque l’on rencontre l’autre, ça ne dure guère – « Je croyais qu’on partirait loin » – et, de toute façon, « On a démoli Montparnasse / Mais nous n’y allions déjà plus » (Trans-Europ-Express). Chanteuse comique, dites-vous ?
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1971, LE JUDAS (sans titre)
Le Judas, Gertrude, Si j’étais veuve, La Rêveuse.
Textes de Michel Grisolia. Musiques de Marie-Paule Belle.
45-tours, BAM-Disc AZ, EX 672.
Quatre chansons faites avec Grisolia, quatre chansons comiques qui, franchement, ne comptent pas parmi les meilleures de Marie-Paule Belle. Une image, toutefois, est à retenir, dans Le Judas : « J’étais en train de repasser / Les manches de ma solitude ». On eût aimé que cela continuât sur le même registre.
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1969, TOUT VIENT À POINT (sans titre)
Tout vient à point, Il n’y a rien à comprendre.
Textes de Michel Grisolia. Musiques de Marie-Paule Belle.
45-tours, CBS, 3848.
La Belle cède, après un peu d’attente, à celui qui lui dit : « Ce n’ srait pas mal de fair’ le pire / Je vous ferai mieux que du bien ». Dans ces classiques valses tristes qui ont toujours chanté les amours vives ou mortes, la Belle a des accents de Cora Vaucaire, excusez du peu. Le 45-tours inaugural d’une carrière.
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OUVERTURE D’UN LIEU POUR LA DIRE
Parler d’elle, parler de la Belle, à partir des modestes présentations que je compte faire ici, au fur et à mesure, de chacun de ses disques originaux (les compilations ne sont pas prises en compte ni, bien sûr, les 45-tours extraits de 33-tours).
On voudra bien se rappeler aussi que la Belle n’est pas seulement – j’ai envie d’écrire : n’est pas du tout – une chanteuse « rigolote ». C’est une femme avec une vie de femme et des textes de femme. J’ajouterai même qu’en ce qui me concerne, je préfère, et de loin, les chansons tristes, graves : en vrac, Quand nous serons amis, Berlin des années 20, Vieille, Un peu d’angoisse et de café, Comme les princes travestis, Mon piano noir, Débranche ton soleil, Que tu ne m’aimes plus, Même si, Mon odyssée, Je viens, Jersey-Guernesey, Celui, Nous ne serons jamais plus seuls, Un pas de plus… Évidemment, j’ai ri comme les autres, et avec un grand et beau plaisir, à La Parisienne, Wolfgang et moi, J’ai la clé ou La Matraque. Mais j’ai ri après. J’ai ri ensuite. Je n’aurais pas acheté de disques contenant douze Parisienne ou vingt Wolfgang, des chansons pourtant parfaitement écrites, très bien faites. Ce qui m’a touché chez la Belle, il y a trente ans, plus peut-être, c’est une voix de femme sur des textes tristes, bien faits, habillés de musiques parfaites et imaginatives. Le reste est un malentendu, une incomplétude.
À vous. Parlez d’elle, parlez de la Belle, si vous le désirez. Et, si possible, en évitant les commentaires du style « J’adore », « Elle me fait rire » ou « Comme je l’aime ». En évoquant plutôt le contenu des disques et des livres.
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NOTES BIOGRAPHIQUES
Marie-Paule Belle est née le 25 janvier 1946 à Pont-Saint-Maxence (Oise). Son père est médecin. Elle est corse par sa mère, qui lui apprendra le piano. Durant son enfance, la famille part habiter Nice. Elle remportera un trophée à l’émission Chapeau de Radio Monte-Carlo. Elle connaît plus tard le déchirement de perdre sa mère. À ce moment-là, elle refuse de « la remplacer » et de s’occuper de ses frères. Elle part pour Paris. Elle enregistre deux-45 tours, puis débute dans les cabarets parisiens. Avec Michel Grisolia, son camarade d’enfance, et Françoise Mallet-Joris qu’elle rencontre, elle va écrire des chansons. En 1973, elle donne son premier 33-tours, passe à Bobino et reçoit le prix de l’académie Charles-Cros. Elle est invitée dans une émission de Philippe Bouvard, et chante deux chansons. En 1974, elle reçoit à Spa le grand prix de la Communauté des radios publiques de langue française. En 1975, elle effectue une tournée avec Serge Lama. En 1976, La Parisienne est un très grand succès qui lui vaut, en 1977, un disque d’or. En 1978, elle se produit à l’Olympia. En 1980, au Théâtre des Variétés. En 1983, elle chante en Belgique. En 1985, au Théâtre de la Ville. En 1987, elle publie une brève autobiographie et un livre lui est consacré chez Seghers. En 1988, elle est faite chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres et décorée de l’ordre national du Mérite. En 1988, elle joue Labiche, Si jamais je te pince, au festival d’Avignon. En 1990, avec Françoise Mallet-Joris, elle achève un opéra-bouffe, Lucrèce Borgia, qui n’a pas été joué. En 1995, elle passe au Théâtre de Dix-Heures, aux Francofolies de La Rochelle et de Montréal. En 1997, de nouveau au Théâtre de Dix-Heures. En 2001, elle crée un spectacle en hommage à Barbara. En 2004, un autre spectacle piano-voix. En 2005, disparaît Michel Grisolia. En 2006, elle joue dans Les Monologues du vagin au Théâtre de Paris. En 2007, elle joue dans une comédie de Bruno Druart, Parfum et suspicions. Cette même année, elle joue le rôle d’Ingrid dans un épisode de la série télévisée PJ. En 2008, parution d’une nouvelle autobiographie, d’un DVD (le Numéro 1 de 1977) et spectacle d’un soir sur la scène de l’Olympia. En 2009, elle reprend au théâtre Michel Les Monologues du vagin. En 2010, elle est membre du jury du premier prix Barbara, créé par le ministère de la Culture.
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