lundi, 12 février 2007
1976, MAMAN J’AI PEUR (sans titre)
Maman j’ai peur, Quand nous serons amis, La Brinvilliers, Ces lettres auxquelles on ne répond pas, Je veux pleurer comme Soraya, Jersey Guernesey, Je vis ma mort à chaque instant, La Matraque, Mes mots d’amour, À Damia.
Textes de Françoise Mallet-Joris et Michel Grisolia. Musiques de Marie-Paule Belle. Musique de Je vis ma mort à chaque instant d’Astor Piazzola.
33-tours, 30-cm, Polydor, 2473 056.
Une nouvelle esthétique des pochettes se fait jour. Les photographies sont ici d’Alain Marouani. À l’intérieur, parmi de nombreux mannequins blancs sans cheveux, la plupart sans bras, la chanteuse brune à l’ample chevelure est vêtue de noir et se tient les bras, justement. Les arrangements, cette fois, sont partagés entre Astor Piazziolla, Michel Bernholc et Hervé Roy. Trois chansons « rigolotes » (Maman j’ai peur, La Brinvilliers et La Matraque) et d’autres, plus secrètes : Quand nous serons amis répond à Au plaisir du disque précédent. Jersey-Guernesey et Ces lettres auxquelles on ne répond pas sont les complaintes de l’amour triste que tout disque se doit de contenir, mais avec une écriture princière qui dit en deux vers le désabusement mélancolique (« Je n’t’attends plus il est trop tard / Pour dévier le cours de l’histoire »). Je veux pleurer comme Soraya est dans la lignée des chanteuses réalistes que l’artiste admire. Elle y vient, d’ailleurs, avec l’hommage À Damia. Mes mots d’amour est la chanson d’une femme libre. Toujours très caractéristique, l’envol de la voix au refrain (Quand nous serons amis, Je veux pleurer comme Soraya, Mes mots d’amour).
15:45 Publié dans Discographie | Lien permanent | Commentaires (2)
Commentaires
Je m'excuse par avance de m'épancher sur un de mes chansons préférées de tout le répertoire de la Belle, "Quand nous serons amis". Cette chanson est, à mon sens, une de ses plus belles réussites, encore plus lorsqu'elle l'interprète seule au piano.
Il fut une époque où l'élu de mon coeur et moi-même écoutions tous deux les disques de Marie-Paule Belle. Touchés tous les deux par ce texte, et repensant aux déconvenues de couples d'amis séparés et brouillés pour de sombres histoires de jalousie, nous nous disions que ce texte représentait une sorte d'idéal post-rupture, où l'amitié , la confiance et la complicité remplaceraient définitivement la douleur de la séparation et les griefs mal placés. Etait-ce prémonitoire ? Nous nous sommes séparés un peu plus d'un an après avoir assisté à son concert au théâtre de Dix Heures. Je n'arrêtais pas de penser à cette chanson, je l'ai écoutée tant de fois, jusqu'à l'overdose. Je tentais de me réconforter en pensant à cet après-relation idéal, mais ça faisait encore trop mal, et j'ai arrêté d'écouter les chansons de la Belle pendant un bon moment.
Aujourd'hui, je vis à peu de choses près cette chanson. Je me rends enfin compte à quel point elle est juste. J'ai montré l'enregistrement du Numéro Un des Carpentier à mon ex-conjoint. Il y eut un silence très étrange pendant "Quand nous serons amis" chanté en duo par Belle et Lama, pas du tout gêné, au contraire, qui résonnait bien. J'ai eu droit à un simple "C'est vraiment une belle chanson". J'ai approuvé de tout mon coeur.
Écrit par : Lewis | jeudi, 05 avril 2007
Ne vous excusez pas. Sentez-vous libre ici. Je vous remercie de ce témoignage direct et intime.
Cela dit, je vais jouer les anciens combattants. Quand nous serons amis date d'une période qui est celle de l'amour libre, période éclose après 1968 et qui a duré, grosso modo, jusqu'à l'apparition du sida, dans les premières années 80. A ce moment-là, donc, et singulièrement vers 1976, on réinventait les rapports sentimentaux et sexuels et l'on tâchait, sans toujours y parvenir, de se distinguer désormais des schémas classiques. Par exemple, cette complicité et cette tolérance qui suivraient la rupture. Pour être honnête, je dois dire que, la plupart du temps, ça ne marchait pas. Parce que c'était cérébral, politique même, et que ça ne tenait pas compte des réactions instinctives et des comportements induits par des blessures affectives.
Je tiens donc cette chanson pour un témoignage parfait de son époque (c'est d'ailleurs le cas de tout le catalogue Polydor de la Belle), sans pour cela être convaincu de sa réalité.
Voilà pour la recontextualisation. Mais je comprends parfaitement que vous puissiez vous l'approprier comme vous nous l'avez dit avec sensibilité et finesse.
Écrit par : Jacques Layani | vendredi, 06 avril 2007
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