dimanche, 11 mars 2007
UNE OPINION
Comment, à partir d’éléments exacts, suivre un raisonnement erroné ? Voici un exemple. En 1981, Chantal Brunschwig, Louis-Jean Calvet et Jean-Claude Klein écrivent, dans la réédition de Cent ans de chanson française, initialement paru au Seuil en 1972 :
« Avec La Parisienne, composée sur un canevas d’opérette, et qui bénéficie de nombreux passages radio, son personnage s’impose : c’est la provinciale pas bête et plutôt rigolote qui, « montée » à Paris, garde son bon sens en refusant le snobisme (comprendre l’intellectualisme). Pas révoltée, au-delà du désir d’indépendance affective (Quand nous serons amis), tonique et bien française (Les Petits patelins). Et, bien que plutôt « diseuse », sa carrière, habilement menée, prévoit une alternance systématique de chansons « radio » (Je veux pleurer comme Soraya) construites selon un standard (couplet grave, voix chuchotée / « pont » aigu, voix lancée) et « des petites chansons marrantes » écrites pour la scène, véritable espace de Marie-Paule Belle, et composées « à la manière de » (Offenbach, musique russe, jazz des années 30, etc.) De plus en plus ces créations, qui sont en fait des parodies, semblent tourner à l’exercice de virtuosité pure ».
Remarquable notice où le refus du stupide snobisme parisien, plein de vide et d’agitation stérile, est volontairement confondu avec celui de l’intellectualisme ; où ce qui est une caractéristique vocale de la chanteuse est pris pour un standard, un « formatage » volontaire et traité péjorativement de chanson « radio » ; où l’inventivité musicale constante est passée sous silence ; où l’intention est déformée (« tonique et bien française ») ; où l’intelligence des parodies se voit taxée de « virtuosité pure », ce qui d’ailleurs ne serait déjà pas si mal.
Ce livre est signé de trois auteurs mais Calvet le reprend à son compte en le rééditant encore à l’Archipel en 2006 sous son seul nom. Il met à jour cette notice en déclarant que Marie-Paule Belle avait manifesté des promesses qu’elle n’a pas tenues. On laisse à Calvet la responsabilité de ces propos : comme si la Belle avait choisi de n’être plus, comme elle le fut, sur le devant de la scène.
17:15 Publié dans Propos | Lien permanent | Commentaires (0)
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