mercredi, 25 avril 2007
HISTOIRE SANS PAROLES
Ou plutôt si parlante, en vérité… Quand je rencontre quelqu’un, voilà ce que je vois immédiatement. Ensuite, vient le reste : les mains, le corps, la voix surtout, bien sûr. Mais, dès l’abord, voilà ce que je reçois avec une grande force. Je suis extrêmement sensible aux visages, ils m’arrivent avec violence et le visage, c’est d’abord ça.
14:00 Publié dans Propos | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 19 avril 2007
DUO
En duo avec Serge Lama, la Belle chante Une petite cantate. Une minute quarante-sept sur le site de Lama, (choisir : discographie / pluri((elles)) / morceau numéro 7), en version audio uniquement.
Photo Roger-Viollet : Liliane Benelli au piano du cabaret L’Écluse. Existe-t-il encore quelqu’un qui ne connaisse pas l’histoire exacte de cette chanson ?
10:45 Publié dans Propos | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 18 avril 2007
ÉCRIRE, TÉLÉPHONER
Chez Marie-Paule Belle, les lettres d’amour, on n’y répond pas, elles se perdent, elles sont mises au rebut. Pas de chance. Il y a des grèves et l’on n’ose pas envoyer des télégrammes. Ce n’est pas facile… Encore ne s’agit-il là que d’un aspect de l’incommunicabilité. Incompréhension de l’amour, dans l’amour : « Si tu recevais du papier bleu qu’en dirais-tu / Que je fais toujours des drames ». On n’ose pas, on avance sur la pointe de la plume : « Mais ma lettre a su rester discrète / Si toutes les lettres s’interprètent / (…) J’espère un jour que tu comprendras ». On espère – dans les deux sens du mot – toujours ; on espère parce qu’on n’ose guère faire plus. Parfois, c’est affreux : « La lettre d’amour que l’on jette aux ordures ». Comment communiquer ? Il y a le téléphone, mais on aboutit à un répondeur et « Pour tout l’amour du monde / On n’a que trent’ secondes ». On appelle, on rappelle, on s’appelle, on se rate, on ne se retrouve pas : « J’t’adore, message terminé ». C’est triste et « On a beau croiser nos voix sur les fils électriques / Y a pas d’étincelle » puisqu’il faut « En dix s’cond’s se dir’ tout / Attention c’est à vous / Enregistrer sa vie / Cri d’amour dernier cri / Mêm’ le répondeur est / Occupé… occupé… occupé ». Enfin, il y a des fois où l’on utilise les cabines publiques quand la boîte aux lettres reste désespérément vide : « Je n’ai pas le téléphone / Et tu ne m’écris jamais ». Alors, bien sûr « Je descends pour t’appeler » mais peut-être aurait-il mieux valu ne pas le faire : « Et dans la cabine en verre / Tu me dis que c’est fini / Qu’on peut rester bons amis / Que c’est pas la guerre ».
Pas gai, n’est-ce pas ? Eh oui, ça change de La Parisienne, de Wolfgang et moi ou de Nosferatu, de L’œuf ou du Menu. On ferait bien de prêter attention à ces chansons, tout de même. On ferait bien, aussi, de relever combien les chansons de Marie-Paule Belle sont révélatrices de l’époque où elles furent écrites : il y a là un temps où l’on s’écrivait encore par la poste, où les premiers répondeurs apparaissaient et où l’on se croyait tenu de préciser que le message était terminé, où l’on n’avait pas le téléphone chez soi et où l’on devait aller jusqu’à la cabine du bout de la rue, et faire la queue puisqu’elle était forcément occupée.
Cela ne signifie nullement que ces chansons soient datées. D’ailleurs, qu’est-ce que ça veut dire, ce mot ? Nous sommes tous datés. Nous sommes oblitérés comme des timbres-poste. Nous portons un cachet comme une trace chiffrée, lisible. Au contraire, ce sont d’excellentes chansons qui témoignent de leur temps, ce qui est la meilleure manière de s’inscrire dans notre imaginaire, le plus sûr moyen, même si c’est paradoxal, de durer.
(Photo Marc Attali)
16:35 Publié dans Gloses | Lien permanent | Commentaires (2)
vendredi, 13 avril 2007
TROUVÉ SUR LA TOILE
Si vous voulez voir des photographies en noir et blanc faites en scène à Onex les 14 et 15 février 2006, vous en trouverez quatorze là. Bien sûr, il faudra faire l’effort de cliquer pour agrandir chaque vignette, mais avouez qu’on fait tout pour vous être agréable, sur ce blog.
16:50 Publié dans Propos | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 12 avril 2007
JE ME SOUVIENS
Je me souviens d’un temps où la Belle était la coqueluche du public, notamment dans l’Éducation nationale.
Je me souviens d’un temps où elle était vécue comme une véritable découverte.
Je me souviens d’un temps où la presse écrivait : « Marie-Paule Belle est allée chercher sa parolière à l’académie Goncourt ».
Je me souviens d’un dîner chez ma tante à Bagneux et de mon oncle qui parlait de la Belle avec des mots flatteurs, alors qu’on servait un gâteau au chocolat en forme de cœur.
Je me souviens des 33-tours Polydor que j’achetais l’un après l’autre.
Je me souviens d’avoir enregistré des chansons de la Belle dans une cassette audiographique (il n’en existait d’ailleurs pas d’autre) pour une femme, comme des messages cryptés – comprenne qui pourra.
Je me souviens d’un récital au théâtre Firmin-Gémier d’Antony, en 1981.
Je me souviens du 30-cm Patins à roulettes que j’ai acheté dans cette salle.
Je me souviens d’une collègue de bureau qui s’appelait Marguerite, avait presque l’âge d’être ma mère et riait toute seule en chantant La Biaiseuse.
16:59 Publié dans Propos | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 10 avril 2007
LES SAISONS DE LA BELLE, OU LA BELLE SAISON
Avant l’histoire
Avant l’histoire, ce sont deux 45-tours, l’un paru chez CBS, l’autre chez BAM. CBS est une firme américaine qui avait autrefois racheté partiellement le fonds Odéon, l’autre partie ayant abouti chez Pathé-Marconi. BAM, c’est la Boîte à musique, une maison d’amateur éclairé, créée pour satisfaire les goûts artistiques de son fondateur et qui brilla longtemps par l’excellence de son catalogue. C’est dans ces deux maisons que la Belle va enregistrer ses six premières chansons.
Le catalogue Polydor
C’est maintenant que l’histoire commence. Chez Sonopresse et chez Polydor, va naître le premier monde de la Belle, celui qui la verra devenir célèbre d’un seul coup, en tout cas très rapidement. C’est l’époque du travestissement, ainsi qu’il a été dit. On se cache, on ne sait pas qui est fragile. On établit un univers de chansons tristes parsemées de morceaux comiques extrêmement bien écrits, mais qui se présentent comme des masques. Le visage caché, la Belle avance avec son mal de vivre et ses problèmes de femme. Rien n’est vraiment gai et, si l’on s’amuse franchement avec quelques chansons, c’est un peu un leurre. Qui est la Belle ? Arrive La Parisienne, que je qualifie toujours de cadeau empoisonné. Tout marche vite, trop vite. La célébrité survient d’un coup, et les émissions spéciales à la télévision, et l’Olympia. La Belle n’a qu’une trentaine d’années. Elle va, plus ou moins rapidement, sentir le vent : il y a maldonne, elle est enfermée dans une image qui ne lui ressemble que partiellement. Elle veut bien faire rire mais elle sait que ce n’est pas tout. Elle rectifie un peu le tir avec des chansons plus graves, elle évoque la montée du nazisme à Berlin autrefois, elle dit l’enfant qui joue avec la mouche et les horreurs quotidiennes. Elle chante sa nostalgie mais on préfère entendre La Parisienne. Elle donne un disque pour enfants, des musiques de films, mais on préfère rire à Wolfgang et moi. Le mal d’amour est partout présent, mais Les Petits patelins font rire et danser. Elle rêve d’Icare amoureux, mais Mes bourrelets d’antan font s’esclaffer. Cependant, ces chansons, c’est elle aussi. Comment faire ? Elle chante Patins à roulettes, Grappe de raisins, Elle t’a changé… Et l’on rit à Moujik russe. Elle dit qu’elle est Heureuse par hasard, mais Sonatine ou sonotone emporte l’auditeur. Ce répertoire comprend sept 33-tours et quatre 45-tours.
Le catalogue Carrère
La Belle dédie à sa grand-mère des chansons qu’elle lui chantait, des chansons réalistes qu’elle sait très bien réinventer. C’est déjà une manière de faire autre chose, mais ce n’est qu’un masque supplémentaire. Elle insiste et présente de nouvelles chansons graves, revendicatives : Paris, fais-toi faire un lifting, Compiègne… L’amour est toujours difficile, il meurt avec entêtement. L’inquiétude est là, sans cesse : Je rêve le dit même en chanson d’entrée en scène. On vit Sur un volcan et l’on chante La Parisienne. Elle va Chez Pivot qu’on a connu mieux inspiré et qui, lorsqu’elle lui parle du Plat pays, répond que ce n’est pas une chanson pour elle. Elle doit rectifier et préciser qu’elle aime bien chanter aussi des chansons tristes. Dans le même temps, elle publie chez Carrère qui a aussi une activité d’éditeur de livres une autobiographie. Écrire ses souvenirs à quarante et un ans à peine ! Parallèlement, elle entre chez Seghers, dans la collection « Poésie et chansons ». Ce répertoire comprend quatre 33-tours (dont un double) et quatre 45-tours.
Ensuite
Ensuite, c’est le désordre. Plus de maison de disques attitrée. Un 33-tours chez AB Productions, juste au moment où l’on change de format avec l’implantation définitive du CD. Puis dix années de silence interrompues seulement l’espace d’un enregistrement public. Pas de chance : le disque sorti au bout de dix ans sera retiré de la vente à la suite de problèmes avec l’éditeur BMG et reparaîtra l’année suivante chez Olivi. Universal lui ouvre ses portes le temps d’un album consacré à Barbara mais ne la retient pas puisque, des années après seulement, elle publie un nouveau CD chez Beny-Music, très mal diffusé. Cette période répartie sur plusieurs catalogues comprend cinq CD (ou, si l’on préfère, un 33-tours et quatre CD puisque L’Heure d’été existe dans les deux formats ; ou bien, si l’on préfère encore, cinq CD… et demi, puisque le même existe sous deux titres, Quand tu passes et Une autre lumière, chez deux éditeurs différents).
Alors ?
Alors, pensons à la Belle et écoutons-la pour que flamboie maintenant la belle saison.
14:50 Publié dans Propos | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 06 avril 2007
SUR LES PLANCHES
J’aurais aimé aller voir la Belle au théâtre, à Thiais, à quelques kilomètres de mon domicile. Hélas, c’est complet. Franchement, je ne m’y serais rendu que pour elle parce qu’une comédie policière, bah, peuh et bof… Ce sera pour une autre fois, s’il y en a une autre. Il est difficile d’avoir l’information. On se demande vraiment pourquoi cela n’est pas donné sur internet. Sur le site autorisé, notre amie Pattypat fournit les dates qu’elle peut fournir, mais les municipalités concernées ne savent pas, apparemment, concevoir un site. Les théâtres non plus. Si un lecteur ou une lectrice de ce modeste blog a l’occasion d’assister à une représentation de Parfum et suspicions, je suis preneur d’un compte rendu à m’envoyer à mon adresse de messagerie, dans la colonne de gauche. Partageons ce que nous pouvons : plus on parlera de la Belle sur la Toile, plus cela pourra donner d’idées à ceux qui n’en ont pas et, peut-être, lui fournir l’occasion de chanter davantage.
17:10 Publié dans Propos | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 04 avril 2007
NUMÉRO UN, MARIE-PAULE BELLE (1977)
Télé-Mélody a donc rediffusé le Numéro Un consacré à Marie-Paule Belle, le 19 mars 1977. C’était une émission de Maritie et Gilbert Carpentier, réalisée par Marion Sarraut.
Le principe de l’émission est de mettre en scène une espèce de conte, La Bête et la Belle, ponctué de chansons et de sketches. La Belle mime une jeune fille orpheline. Curieusement, la mise en scène des chansons, délibérément amusante, fait que ce n’est pas du tout la même chose qu’à la scène, pas du tout la même chose qu’au disque. C’est une émission de variétés et ce n’est pas un type d’émotion identique. On peut, au passage, apprécier les dons de comédienne de Marie-Paule Belle… et, rétrospectivement, comprendre combien ce genre de spectacle télévisé a pu ancrer l’artiste dans la légende de chanteuse fantaisiste qui lui collera à la peau. Mais elle a trente et un ans et ne le sait pas encore.
Maman j’ai peur ouvre l’émission, en play-back évident : c’est exactement le disque qu’on entend, rien d’autre, tandis que la Belle fait le clown dans un fauteuil haut du style « Emmanuelle ».
On entend ensuite un petit texte de liaison dit par une récitante, dont la voix ressemble curieusement à celle de la Belle, évidemment. Puis un sketch de Francis Perrin, Hamlet. La récitante, puis une chanson de Nicolas Peyrac, Habanera. La récitante, puis la Belle chante L’Âme à la vague. Les Frères ennemis donnent un sketch dans lequel ils figurent la conscience de la jeune fille : ils font boire un philtre à la Belle.
Encore la récitante, puis la chanson Celui, interprétée dans un décor de mannequins par Marie-Paule Belle vêtue d’une robe longue noire et portant une étole rouge.
Le ballet de Barry Collins intitulé Libertango vient alors, et l’un des danseurs fait subir à la Belle un drôle de sort, en la secouant vigoureusement au cours d’un tango musclé. Puis, parmi les danseurs, Gainsbourg chante Marilou, la Belle étant assise non loin. Encore la récitante et, sur un montage figurant un bateau à vapeur en dessin animé, Marie-Paule Belle chante La Louisiane. À la récitante qu’on entend de nouveau, succède La Brinvilliers, la Belle étant en costume ainsi que les chœurs et les personnages des trois hommes empoisonnés et du bourreau.
Serge Lama chante sa chanson La Nymphomane tandis que la Belle joue le personnage, dans un décor de chambre à coucher luxueuse. La récitante intervient puis les deux artistes chantent en duo Quand nous serons amis, toujours couchés dans un lit. Nouveau ballet, que la chanteuse observe, debout sur un podium, vêtue de sa longue robe noire et d’une cape rouge. Elle se dirige alors vers son piano et chante Nosferatu.
Récitante, puis sketch de Sylvie Joly, SOS Amitié. La Belle chante Je veux pleurer comme Soraya. Nicolas Peyrac interprète Quand pleure la petite fille. La Belle et lui sont assis sur un piano blanc. Elle figure bien sûr la jeune fille en question.
Récitante, puis Lama chante D’aventure en aventure. Encore la récitante, et le final : La Parisienne au piano, tandis que le corps de ballet défile en tenue de soirée.
Durant le générique de fin qui se déroule sur la mélodie de La Parisienne, reprise, Marie-Paule Belle erre seule parmi les danseurs du ballet, portant son manteau et sa valise, comme une jeune fille égarée.
Remerciements : Bernard Legendre.
21:45 Publié dans Émissions | Lien permanent | Commentaires (5)
lundi, 02 avril 2007
VINGT-NEUF SECONDES
Comme je l’ai déjà dit, une rediffusion de l’émission de 1977, Numéro Un, est faite cette semaine sur Télé-Mélody. Cinquante-neuf minutes d’images. Pas moins de sept passages : samedi 31 mars, 23 h ; dimanche 1er avril, 10 h ; lundi 2, 16 h ; mardi 3, 14 h ; mercredi 4, 20 h 30 ; jeudi 5, 22 h 30 ; vendredi 6, 18 h.
Je ferai naturellement, ici-même, un compte rendu de cette émission lorsque j’aurai reçu l’enregistrement qu’un ami a promis de me faire. Pour ceux qui n’auraient pas trouvé une âme compatissante recevant cette chaîne de télévision, une petite vidéo de présentation est disponible en ce moment sur le site de la chaîne (il faut cliquer sur le bouton rouge : « Voir la vidéo »). C’est une bande-annonce de… vingt-neuf secondes.
Avec Marie-Paule Belle, un lieu où l’on grapille même les secondes de la chanteuse. Faut-il qu’elle nous manque.
12:05 Publié dans Émissions | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 01 avril 2007
À BOUT PORTANT (1977)
Sur le site de l’INA, on peut à présent acheter des documents. En principe, on a toujours pu le faire mais, concrètement, ça ne marchait pas. Maintenant, ça fonctionne. Je rappelle donc qu’il y a une émission de la série À bout portant, entièrement consacrée à la Belle. Elle a été diffusée le 24 mai 1977. Pour quatre euros, vous pouvez avoir quarante-huit minutes et quarante-quatre secondes d’entretiens, de chansons en scène, de documents, en plein écran. Si vous estimez que c’est encore trop cher, il est possible de visionner les dix premières minutes gratuitement sur un tout petit écran.
L’émission vaut d’être vue. À bout portant, ici en couleurs – les premiers étaient en noir et blanc – était une série déstructurée, au montage un peu fou mais en réalité, parfaitement cohérent. Les interviews de Pierre Wiehn et ici, en ce qui concerne la Belle, de Pierre Bouteiller et Jean-Louis Foulquier, créaient un climat oublié aujourd’hui, chaleureux, qui permettait, à petites touches, sans en avoir l’air, de dire la vérité d’un artiste.
21:40 Publié dans Émissions | Lien permanent | Commentaires (0)