lundi, 02 février 2009
D’HIVER ET D’ÉTÉ
Dans les chansons – pas uniquement celles de la Belle – l’amour ne dure guère. On peut sans risque parier qu’il existe davantage de chansons d’amour tristes que d’autres, où éclate le bonheur. C’est d’ailleurs un bon test : une œuvre chantée vaut ce que valent les chansons d’amour qu’elle contient.
On peut ensuite les rapprocher selon leur éclairage ; par exemple, L’Hiver des cœurs et L’Heure d’été. Au travers de deux saisons, mystère de deux chansons, l’amour a un visage identique. « L’hiver des cœurs / C’est la saison / Des longues heures / À l’abandon ». Cependant, dit la chanteuse qui n’en peut mais : « Pour notre amour je veux toujours / L’heure d’été / Et le plus long de ses longs jours / Enchanté ». Alors, comment faire, puisque, dans l’immédiat, « Les statues sous leurs casques / Ont blanchi / Les poissons dans leurs vasques / Ont pâli / C’est l’hiver la bourrasque / À Paris / Et la neige est un masque / À la vie » ? On rêve un peu, on se dit au contraire que « La lumière s’y boit comme un verre d’eau limpide / Le temps est fluide et va durer » afin de pouvoir insister : « Pour notre amour je veux toujours / L’heure d’été » et l’on fait semblant d’y croire, mais non, il n’y a rien à faire, voilà que la réalité a des chaussures sans grâce, que les trottoirs sont verglacés, que les yeux des femmes sont cachés sous le bord de leur chapeau froid : « Les maisons sous le ciel / Ont blanchi / Les parcs et les ruelles / Sont sans bruit / C’est l’hiver si cruel / À Paris / Et la neige est l’hôtel / De la vie ». Aussi, en attendant « L’heure d’été / Et que le temps fasse un détour / Par juillet », on regarde « Les gens sous leurs manteaux / Qui sont gris / Les taxis les métros / Qui s’enfuient ». L’heure d’été, oui… On peut l’aimer, l’attendre, mais elle ne dure guère : « Mais quand les jours deviendront courts / Et glacés / Nous serons à nous mêmes notre propre lumière / Le feu de bois de nos hivers / Pour toi et moi je veux toujours / L’heure d’amour ». Il n’est pas impossible d’y parvenir puisque, même durant la froidure, « Les néons réconfortent / La nuit / Quelqu’un frappe à ma porte / Et c’est lui / Et alors que m’importe / Paris / Car la neige m’emporte / Avec lui ». Grâce à l’amour enfin, « Midi et minuit sont réconciliés / C’est le jeu de l’ombre et de la clarté / Nos corps dédoublés aux visages sombres / Aux cheveux dorés, aux cheveux dorés ». Allons, enfin, le temps ingrat est achevé, voici que c’est « L’hiver des cœurs / En ta maison / C’est la chaleur / Nous nous aimons » et voici qu’enfin, « C’est ton corps mon corps sur le drap brodé / À jamais liés et même nos ombres se donnent un baiser ».
14:49 Publié dans Gloses | Lien permanent | Commentaires (2)