mercredi, 06 juin 2007
D’AUTRES CHANSONS
Dans l’anthologie publiée chez Seghers en 1987, on a vu que figuraient un certain nombre d’inédits qui le sont restés, la Belle ne les ayant pas repris dans les disques qu’elle a enregistrés par la suite. On compte ainsi Saugrenu, Antinéa, Berceuse pour une voiture, Beyrouth, Châteaux de cartes, L’Oiseau gris, La Dame du vestiaire, Le Métro aérien, Un jour une semaine, c’est-à-dire l’équivalent d’un 33-tours, d’un court CD.
Ces chansons qu’on découvrira peut-être un jour se rattachent sans faillir aux « familles » qu’on a pu distinguer dans toutes les précédentes. Elles s’inscrivent dans les répertoires qui sont constamment ceux de Marie-Paule Belle depuis ses débuts. L’inquiétude féminine (une amoureuse « saugrenue » se voit, dans les yeux de son amant, reine de Saba, sultane, Mélusine), le sentiment ancien d’une amoureuse patiente (Antinéa), la présence du père dans l’enfance (Berceuse pour une voiture dit le rassurement à travers « le dos puissant de ton père »), la guerre (Beyrouth et les combats empêchent cet homme et cette femme, « Toi Mohamed et moi Sarah », de s’aimer), l’habitude de la cohabitation amoureuse dont on ne sait si elle freine ou aide à vivre (Châteaux de cartes), le départ précoce de celui à qui l’on voulait seulement montrer L’Oiseau gris, la femme oubliée qui murmure dans sa méditation (La Dame du vestiaire), le départ par le rêve et l’imaginaire dans Le Métro aérien, la durée de l’amour qu’on ne maîtrise jamais (Un jour une semaine), ne nous disent pas autre chose, finalement, que Je veux être une garce, Un peu chameau, un peu sultane, Quarante-deux colonnes corinthiennes, Compiègne, Ça restera quand on sera vieux, L’Homme volant, La Petite écriture grise ou bien encore toutes ces autres chansons qui ont établi l’univers de la Belle, son petit monde aux personnages constants, ses frayeurs cachées sous le rire et sa fragilité maquillée en virtuosité artistique.
Ce sont des chansons de femme, écrites par et pour une femme. Grisolia a certes participé à trois d’entre elles (Saugrenu, Le Métro aérien et Un jour une semaine) mais toutes les autres sont signées Françoise Mallet-Joris avec, comme on le sait, l’intervention de la chanteuse elle-même, d’où naît une alchimie parfaite.
Je rappelle que ce livre épuisé se trouve très facilement chez Price Minister, par exemple.
15:48 Publié dans Gloses | Lien permanent | Commentaires (0)
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