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jeudi, 29 mars 2007

UNE HISTOIRE

medium_Sans_titre_-_1.gifIl y eut une jeune femme qui, à l’âge de trente ans, reçut un cadeau empoisonné : la notoriété apportée dans une curieuse corbeille parisienne, accompagnée d’une carte de visite : « Chanteuse rigolote », disait le carton. Bref, elle fut célèbre un temps, enfermée à tort sous cette stupide étiquette, alors qu’elle chantait par ailleurs des chansons graves, « engagées » comme on dit en oubliant que, par définition, un artiste est engagé ou n’est pas. Elle pouvait parler de la montée du nazisme, de l’euthanasie, des SDF, de problèmes sociaux, d’une situation volcanique, du Paris historiquement insurgé, de l’Amérique, des hommes mal dans leur peau, de l’âge qui vient, elle pouvait dire tout cela sur des musiques très imaginatives, mélange de musique classique et de chanson, sur des rythmes dansants ou pas, avec dans la voix des aigus étonnants et de très belles envolées, rien à faire, elle resterait une chanteuse « rigolote ».

Alors, étouffée sous cette étiquette stupide, elle s’effaça lentement, ne fut plus sur le devant de la scène. On ne trouva plus – ou presque – ses disques autrement que d’occasion et, dans le livret d’une compilation, on put lire : « Alors que les années Polydor s’éloignent, elle réapparaît régulièrement sur scène, s’essaie à la comédie puis espace ses rendez-vous »… Ce sont les mots d’un galant homme. Le public de la chanteuse, lui, était toujours là et il n’y avait plus guère que les entrepreneurs de spectacles pour ne pas le savoir.

14:15 Publié dans Propos | Lien permanent | Commentaires (0)

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